Pêcheur d’Islande – Pierre Loti
Cinquième partie ( de II à XI)
En 1886 paru "Pêcheur d'Islande", un roman de Pierre Loti.
Histoire d'amour désespérée, où les sanglots disparaissent sous les roulis des vagues et où l'attente est le personnage principal.
Pierre Loti, avec son récit impressionniste, nous entraine dans le quotidien terrible des marins bretons, qui partaient, chaque année, pêcher la morue dans les froides mers d'Islande.
Ces "islandais" mouraient quatre fois plus que dans les mines de l'époque... Et leurs veuves déambulaient dans la baie de Paimpol...
"Pécheur d'Islande" est l'un des plus beaux romans français du XIX ème siècle... (Du moins, pour votre obligée)
« Le quai de Paimpol, le lendemain matin, était plein de monde. Les départs d’Islandais avaient commencé depuis l’avant-veille et, à chaque marée, un groupe nouveau prenait le large. Ce matin-là, quinze bateaux devaient sortir avec la Léopoldine, et les femmes de ces marins, ou les mères, étaient toutes présentes pour l’appareillage. — Gaud s’étonnait de se trouver mêlée à elles, devenue une femme d’Islandais elle aussi, et amenée là pour la même cause fatale. Sa destinée venait de se précipiter tellement en quelques jours, qu’elle avait à peine eu le temps de se bien représenter la réalité des choses ; en glissant sur une pente irrésistiblement rapide, elle était arrivée à ce dénouement-là, qui était inexorable, et qu’il fallait subir à présent — comme faisaient les autres, les habituées…
Elle n’avait jamais assisté de près à ces scènes, à ces adieux. Tout cela était nouveau et inconnu. Parmi ces femmes, elle n’avait point de pareille et se sentait isolée, différente ; son passé de demoiselle, qui subsistait malgré tout, la mettait à part.
Le temps était resté beau sur ce jour des séparations ; au large seulement une grosse houle lourde arrivait de l’ouest, annonçant du vent, et de loin on voyait la mer, qui attendait tout ce monde, briser dehors. »