Radio Primitive

À l'antenne
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Saison 1 durée : 33:59

Extraits choisis

En 1886 paru "Pêcheur d'Islande", un roman de Pierre Loti.
Histoire d'amour désespérée, où les sanglots disparaissent sous les roulis des vagues et où l'attente est le personnage principal.
Pierre Loti, avec son récit impressionniste, nous entraine dans le quotidien terrible des marins bretons, qui partaient, chaque année, pêcher la morue dans les froides mers d'Islande.
Ces "islandais" mouraient quatre fois plus que dans les mines de l'époque... Et leurs veuves déambulaient dans la baie de Paimpol...
"Pécheur d'Islande" est l'un des plus beaux romans français du XIX ème siècle... (Du moins, pour votre obligée)

 

Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte, trop bas pour leurs tailles, s’effilait par un bout, comme l’intérieur d’une grande mouette vidée ; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil. Dehors, ce devait être la mer et la nuit, mais on n’en savait trop rien : une seule ouverture coupée dans le plafond était fermée par un couvercle en bois, et c’était une vieille lampe suspendue qui les éclairait en vacillant.
Il y avait du feu dans un fourneau ; leurs vêtements mouillés séchaient, en répandant de la vapeur qui se mêlait aux fumées de leurs pipes de terre. Leur table massive occupait toute leur demeure ; elle en prenait très exactement la forme, et il restait juste de quoi se couler autour pour s’asseoir sur des caissons étroits scellés au murailles de chêne. De grosses poutres passaient au−dessus d’eux, presque à toucher leurs têtes ; et, derrière leurs dos, des couchettes qui semblaient creusées dans l’épaisseur de la charpente s’ouvraient comme les niches d’un caveau pour mettre les morts. Toutes ces boiseries étaient grossières et frustes, imprégnées d’humidité et de sel ; usées, polies par les frottements de leurs mains. Ils avaient bu, dans leurs écuelles, du vin et du cidre, qui étaient franches et braves. Maintenant ils restaient attablés et devisaient, en breton, sur des questions de femmes et de mariages.

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