Lisette Leigh – Elizabeth Gaskell
Nouvelle, partie 3/3
« Lisette Leigh » (« Lizzie Leigh ») est une nouvelle d’Elizabeth Gaskell publiée en 1855 (et en 1882 en France, chez Calmann Lévy, avec une traduction par Pauline de Witt).
Née en 1810 en Angleterre, Elizabeth Gaskell a écrit des romans qui dépeignaient particulièrement bien la société industrielle anglaise et le difficile sort des femmes ("Nord et Sud", "Femmes et filles").
Amie de Charles Dickens, elle publie de nombreuses nouvelles dans son journal "Household Words".
« Suzanne eût bien voulu rester auprès de sa petite Nancy, mais son temps et ses pensées ne lui appartenaient pas, et, comme toujours, il fallait que sa volonté fût sacrifiée à celle des autres. Chacun semblait se décharger sur elle de son fardeau. Son père était de mauvaise humeur par suite de son intempérance de la veille, et il ne se fit pas scrupule de lui reprocher la mort de la petite Nancy ; puis, lorsqu’après avoir doucement supporté ses remarques pendant quelque temps, elle se mit à pleurer, il la blessa plus cruellement encore en essayant de la consoler et en disant que ce n’était pas tant pis que la petite fût morte ; après tout, elle n’était pas à eux, et pourquoi en auraient-ils l’embarras ? Suzanne se tordait les mains ; elle s’approcha de son père et le conjura de se taire. Puis elle eut à s’occuper de l’enquête judiciaire ; elle eut à renvoyer ses petits écoliers ; enfin il fallut dépêcher un petit voisin de bonne volonté chez Guillaume Leigh, qui devait, pensait-elle, savoir ce qu’était devenue sa mère et être mis au courant des affaires. Elle lui faisait demander de venir lui parler parce que sa mère était chez elle. Heureusement son père sortit pour aller jusqu’à la première place de fiacres raconter tout ce qu’il savait des événements de la nuit, car Suzanne ne lui avait pas encore parlé de celle qui dormait et de celle qui veillait silencieusement dans sa chambre. »